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Un homme marche seul Dans le lent écartèlement du vent octobre accouche ses rafales Un homme marche seul Les arbres usent en vain leurs griffes à déchirer la cuirasse de pluie Un homme marche seul Les pas s'engluent dans les flaques de glaise et la pierre agonise Un homme marche seul serrant contre son ventre une vitre filée de larmes |
Il y a une fente dans la porte de la grange mais l'abeille ne s'en soucie pas La grande vague du trèfle rouge l'attire plus que l'odeur aigre des silos Une fumée à l'horizon C'est l'espace du désir serein où la mauve et la limace font l'amour Retire-toi du bruit des moissons L'ombre de la haie saura te laver des horloges Glissement de miel sur ta chair offerte |
D'un même mouvement, le passé dans les veilles Cogne sur nos amours. Si nous venions, ensemble adossés à la nuit, De ce patient enchevêtrement du vent, De 1'homme d'avant Et de la terre approfondie |
Le ventre du nuage s'enfle de la blancheur Que les âmes en rêvant Ont essayé d'imaginer |
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Les "GENS DE BRIOUX" : ils sont une quinzaine, qui, depuis trois ans, parcourent le Sud-Ouest du Poitou, à l'écoute des paysans, violonneurs et conteuses, a l'écoute de cet écho grave de la terre transmis d'âge en âge. Aujourd'hui, riches de ces paroles d'au-delà des rides, aujourd'hui que ce pays chaque jour un peu plus est en danger de perdre sève, ils cherchent passionnément le versant de l'espoir, et comment rendre aux gens d'ici, maintenant, ce goût d'ensemble élucider la nuit par chants, contes et fredaines |
Claude NORMAND anime à Varaize une revue de poésie, SILEX, qui "veut présenter de jeunes poètes ayant peu ou pas publié, ou des poètes oubliés par la mode poétique" (Ecrire t C. NORMAND, SILEX, Varaize - 17400 St Jean d'Angély). Grande pudeur d'une écriture affinée, brisures affleurant sous le couvert, poésie qui guette toute rive, tout écho venu de soi ou de ces pluies laissant aux paysages leur plénitude nue. |
Christian ROBIN, c'est l'exubérance secrète et parfois dispersée, des éclats durs et tendres mis ensemble, d'où naissent des soubresauts d'angoisse, des stridences mal fermées. Comme en contrepoint, ces phrases désarticulées proposent un univers sans liant, qui se lève sur une "aurore de poussière". ROBIN, qui reconnaît comme influences celles de Béalu, Tardieu et Gracq, publie ici ses premiers poèmes. Il a fait paraître récemment un roman fantastique, "Les Limbes de la mer". |
D'une autre berge, la parole de Christian THEBAULT se veut mise à l'écart. Commence ici l'acte de dire les choses tues, toutes puissances alertées derrière le visage. Ainsi le poète émerge lentement, se défait des très hauts barrages qui l'enserrent„ pour accéder à ce souffle d'amour qui hante la distance des mots, les rend proches. Il s'agit bien ici de l'homme, par 1*écriture identifié, de l'homme aux "mains de juif errant/ quelque part" ... Pour Christian THEBAULT aussi, ce numéro est l'occasion d'une première publication. |
II fallait bien qu'un jour Rémy PRIN fasse ce numéro de TRACES -aider au surgissement d'une parole humble et vive, enracinée au creux des pierres et des vies, c'est pour lui vivre cette connivence qui aimante son pas. Les lecteurs de la revue qui connaissent ses trois recueils, L'AIR ACCESSIBLE, VISAGE INEPUISABLE et REUNIR LENTEMENT, savent "cet ourlet intime dégagé des choses" que Rémy dévoile sous ses mots d'herbe et de silence caressé. Il connaît les désastres et les angoisses, et les laisse affleurer dans sa paume pour mieux saisir l'indicible accomplissement du jour. Incessante capture de la vie. |
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