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Sommaire 56 Lavaur/Argos 4, petits éléments pour un bestiaire Ce numéro est consacré au bestiaire de Lavaur et regroupe : extraits de Masque et miroir, Petite geste pour un homme nu, et Aubiat de Lavaur |
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Mes nuits retrouvent cet enfant qui ne dort pas. Les flammes s'évertuent à le veiller et tuent parfois le rire d'un gnome et ses yeux aux commissures de l'ombre. Il attend la grande chienne blanche et douce comme jadis la main de sa mère la bergère magicienne dont les abois et les crocs chasseront les derniers fauves qui devinera le gué au remous des fièvres rouges et du pont de son échine le conduira vers le somme. LA CHIENNE |
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Le peintre du dimanche qui copiait jusqu'aux noirs sur les cartes postales ne retouchera pas l'ombre du campanile sur le muret du cimetière où sa voix désormais ne sera que le bruit du vent dans les cyprès. Les femmes en visite autour du lit poursuivent leurs complots et médisent en chuchotis terribles mais voici que le rouge s'avive et palpite aux ailes des aras et dans la chambre obscure les meubles se regardent ils sourient à la toile de leurs nœuds éplorés quand l'œil des oiseaux cille. LES ARAS |
Un midi sans clameurs où les heures vont l'amble dans le frémissement et l'odeur des joncs souples la genette a posé sa fatigue. Elle tremble un peu sous le buisson quand la douleur la cingle. Elle ne lèche plus sa plaie béante et semble ne plus croire aux pouvoirs de sa langue. Le sable se colore sous elle. Un mulot dans le seigle proche ne ferait pas frémir son petit mufle. Son regard se durcit comme un pépin de nèfle. Son œil même est galet au souvenir terrible de la gueule du piège. Elle baille et s'étrangle. Des ajoncs jusqu'aux baies du sorbier tout se trouble. Gravide et vigoureux espoir du dernier couple la genette agonise au pied d'un bouleau double. LA GENETTE |
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Comme un rostre de souche noircie par le feu jette un haut-le-ccrps sur ta promenade (et son mutisme crie à l'étal du ciel rouge dans cette fauverie du crépuscule) la bête obscure est là qui te regarde. Le jour la dilue mais le noir la révèle elle épie tes faux-pas et te harcèle invisible et sûre d'elle un jour ou l'autre elle t'aura. LA BETE |
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Collé à moi comme fait l'ombre inverse d'un camion sur la route mouillée, ton cri me parasite, poularde pendue battant d'ailes les planches, jusqu'au bout de ton sang. Femme qui ne sais pas (saoulée de bave et de clameurs aux gradins de l'arène ?), Carnivore pourtant, tuer vite, quel fils sera le tien ? LA POULARDE |
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