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2eme trimestre 1977

Hommage à Charles Bourgeois
textes inédits extraits du Bestiaire Vraisemblable présentés par Bernard Jourdan.
textes de Josette Barny Jacquette Reboul, Maryvonne Digot, Norge, Gilles Pajot, Lavaur...
Spécial ARGOS IV
petits éléments pour un bestiaire de Lavaur ; dessins de l'auteur, Renée Leclerc et Pierre-Marie Eudes.


Dessins de : Emile Pescher, Renée Leclerc, Lavaur


Charles Bourgeois

Sur une feuille volante, non datée, d'une écriture hâtive, Charles Bourgeois avait jeté le plan d'un recueil de poèmes dont le titre premier était « Mon bestiaire raisonnable », titre qui devint « Bestiaire vraisemblable ».
Quelques mots proc édaient la liste des treize titres alors retenus : « Il dut exister dos créatures comme celles-ci. L'homme se serait (raturé : honoré et) préservé du ridicule en les conservant et on n'inventant pas le chien (ou le mouton) par exemple ».
Presque tous ces poèmes ont été écrits dans l'année 1972, sans doute comme dérivatifs. Cette année 1972 fut en effet, pour Charles Bourgeois, une année de grands changements. Il avait été maintenu dans son poste, après de nombreuses démarches et beaucoup de tracas. Miais le 30 juin 72, recopiant le court poème "il a dû pleuvoir un peu...", il notait à la suite : « le dernier jour de mes fonctions d'instituteur en activité ». Et le poste était supprimé pour la rentrée suivante. Malgré le détachement qu'il affectait, de ce départ à la retraite, ce lui fut un déchirement de quitter cette classe où il enseignait depuis près de trente ans. Il fallut aussi déménager. La plus grande partie du mois de juillet et ne fut pas de trop pour évacuer l'ancienne maison d'école pleine de tant de souvenirs, le grenier aménagé en bureau où depuis tant d'années il écrivait et dessinait, ou il avait accumulé, en plus de sa bibliothèque, toute une récolte de tant et tant d'années : vieux papiers, almanachs, revues anciennes, gravures, objets populaires, anciens missels, etc. Ce déménagement se fit au long des jours. La maison nouvelle, dont la construction venait de s'achever, était distante de quelques centaines de mètres, sur un coteau dominant le village et la vallée du Clignon.

Cette année 1972 fut cependant d’une grande activité poétique : une cinquantaine de poèmes malgré « un mois d’août et une quinzaine de septembre bien maigres : déménagement-accoutumance  » et « une période trop calme » de tout l'automne.

Charles Bourgeois n'aimait ni les chiens ni les chats. Il sacrifiait sans une sensibilit é excessive les poules et les lapins de son élevage. Il ne chassait ni ne pêchait . Fils d'herbager ayant vécu toute sa vie à la campagne il aimait les chevaux, les oiseaux en libert é, les bêtes des bois.
Dans son « Bestiaire vraisemblable », il nous propose quelques animaux de son arche personnelle, nous en avons joint quelques autres pris dans la réalité mais dignes eux aussi de l'arche. L'imagination, la fantaisie, la mélancolie y ont grande part, mais sans doute aussi des souvenirs d’enfance.
Dans un article non daté, inachevé, « le Diable dans mon enfance » il évoque par exemple : ... les latusées...êtres redoutables, du genre féminin...tapies dans la cave. J'ai pensé qu'elles devaient être les filles du diable pour inspirer une pareille frayeur. Les latusées à crosse gueule blême, aux dents pointues et aux bras de lianes terminés par des griffes n'avaient certainement pas de poils sur le corps, sinon ils auraient pourri dans l’humidité des fonds de cave. Pour moi, elles étaient nues et se déplaçaient en sautant entre les tonneaux... A mon idée leur peau ressemblait à celle des lapins qui viennent de naître. Les latusées m'ont bien tra­vaillé le cerveau en tout cas...

Bernard Jourdan



Charles Bourgeois


Extrait d'Argos IV de Michel-François Lavaur

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