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Portrait de Nobert Lelubre par Lavaur

 

 

Sommaire 54
2eme trimestre 1976

Dossier spécial : Norbert Lelubre

Textes de : Norbert Lelubre, Charles Thomas, Jacquette Reboul,
Alain Lebeau, Rémy Prin, Christian Dorrière, Jean Spéranza,
Josette Barny, Jean Laroche, Jean Malrieu, Charles Autrand,
Luc Bérimont

Dessins de : Emile Pescher, Renée Leclerc, Lavaur




Des problèmes techniques ont réduit Lavaur à modifier, in extremis, la mise en pages de ce numéro. Nos lecteurs tiendront compte de cela pour les poèmes intercalés dans le texte des lettres lui répondent à notre enquête : LE POELE, LE POETE, LA POESIE ?

Ce numéro 54 correspond, en réalité, bien que je tape cette page dans la nuit du 9 février 78, au 4 ème trimestre 76, an 14 de notre parution. TRACES 57 et 58 sont cependant parus ( 57: "entrez dans ce pays" Rémy Prin ; 58: "treize poètes marocains" par A.Lebeau et ! M. Zefzaf ). Peut-ê
tre même y aura-t-il d'autres décalages dans les prochaines pcrutions et 51 ou 62 sortiront-elles avant 60 (dossier "poètes algériens d'aujourd'hui" préparé par K. Benclieikh). L'important est que nos abonnés reçoivent 4 numéros de la revue (160 pages environ). Vous pardonnerez à Lavaur cette fantaisiste animation quand vous saurez que les multiples travaux qui lui incombent (correspondance, rédaction, impression, brochage, diffusion, vente...) ne peuvent être effectués qu'en dehors du métier et des autres activités qui occupent un père et un citoyen. Pour achever la situation, le clicheur électronique de TRACES est hors d'usage et la facture... hors d'atteinte ou, plus précisément, la somme qui permettrait de la régler. Qu'à cela ne tienne ! TRACES entame sa seiziène année d'existence. C'est pour durer. Que nos fidèles abonnés soient remerciés chaleureusement pour leurs souscriptions renouvelées en dépit de nos manques, nos retards et nos défauts.

J-P. Moreau, qui faisait partie de l'équipe TRACES lorsque fut imprimée la couverture, en 76, n'en est plus membre.
Une livraison (entre 61 et 64) sera consacrée à un dossier "poésie de langue corse" d'aujourd'hui - bilingue - .



Que n'ai-je le talent du démarcheur pour vous inviter à mettre dans votre bibliothèque "Histoires sans limites" de Norbert Le-lubre. Ou même le savoir du professeur pour vous convaincre de l'importance de ce livre, voire l'autorité du colonel pour vous imposer. Mais, non les poèmes de Lolubre ne sont pas des sous-produits de consommation. Ils puisent et diffusent l'essentiel.
Nourris d'expérience, ils alimenteront votre quotidien. Cent soixante pages réunissent un choix - fait par l'auteur - parmi les textes écrits durant presque un demi-siècle : vers rimés, de cette facture que l'on dit classique ; vers libres, vers blancs, versets, prose... Norbert, par ailleurs musicien acccompli, aura touché, avec savoir-faire, à tous les instruments du poète.
Les quelques pages de ce dossier vous le prouveront.


Michel-François Lavaur


Dessin d'Emile Pescher sur un texte de
Norbert Lelubre extrait de la Grande ballade le long de la mer

du fond de tes yeux

Du fond de tes yeux se rapproche un poisson le plus beau du monde brûlant sur la montagne il colore de ses ailes ses nuits d'été
dans ta poitrine une nuée de regrets s'est abattue à travers ta voix découverte ta voix changée j'écoute leur chute
dans mon cœur l'aigle de mer chante follement Des âges et des âges son bonheur m'égare Appuyé au mur d'un jour et des jours j'entends son refrain
dans ta main s'élève un pin desséché dans la mienne un colombier vide nos portraits sont pareils dans leurs cadres charmants d'enfant enrubannés et d'oiseaux attendris


Norbert Lelubre


On ne viendra plus dans nos yeux
les jours en sont abandonnés
et seuls des enfants silencieux
y cueillent mes pas étonnés

le soleil tourne ses crécelles
et dans le parc où l'on m'a peint
je passe et sous les passerelles
s'en vont les lignes de nos mains

mais toujours revient la Fortune
pour me réveiller sur ce banc
j'ai beau changer de clair de lune
je suis toujours le même enfant

je garde pour moi cette histoire
la chanson qui me fut donnée
on ne viendra plus dans nos soirs
vos yeux y sont abandonnés


Norbert Lelubre

aux quatre pensées d'autrefois

Quatre pensées d'autrefois quatre rues croisées et quatre maisons pleines de pigeons quatre tours quatre voix sur les tours et les nuages glissent dans la marge infinie
quatre pensées d'autrefois courent dans le sentier et les rayons tombés de leurs robes roulent comme des billes vers le ruisseau
quatre pensées d'autrefois quatre portes entrebâillées où pendent rouillées les clefs inutiles quatre portes claquant au vent intérieur
(le souterrain commence dans cet arbre)
quatre pensées d'autrefois quatre pas que l'on sent tout proches venus partis des frênes et qui font taire les feuilles


Norbert Lelubre

 

essentiel

En novembre il advient
Toussaint passée
qu'on se sente entre les averses
à l'âge de ces vieilles gens
unies
avec leurs morts aussi légers que des brouillards.

Une sorte de peur vous prend
dès le matin
aimée ou crainte on ne sait guère
disparaissant vers les midi
par un soleil brillant mais résigné.

En profite la poésie
pour aborder l'essentiel
mais le temps fait défaut
les seuls mots qu'on voudrait
accaparés par des urgences
sont absents de la vie.

Charles Thomas


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