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SOMMAIRE
numéro 4
Octobre 1963

manuscrit de Louis Emié
présenté par Albert Loranquin
linogravure de Michel-François Lavaur
sur le poème d' Angèle Vannier

poèmes de : Raoul Bécousse, Suzanne Bornat,
Louis Emié, Pierre Gabriel, Louis Guillaume,
Michel Héroult, Magdeleine Labour, Jean Laroche, M-F. Lavaur, Alain Lebeau, Nobert Lelubre,
Henri Le Viennois, Pierre Longchampt,
André Marissel, Robert Momeux, Domy Pietri, James Sacré, Claude Serreau, Claude Vaillant.



 

Louis Emie ou la pureté gagnée

On peut voir la poésie de Louis Emie comme un bel arbre vertical, dont les racines plongent dans le plus profond, le plus obscur ou le plus trouble du gouffre de soi, et dont le branchage, tout aspiré vers le haut par un invincible héliotropisme, fait mûrir à la lumière, avec régularité, les fruits dorés du poème.

On peut la voir encore comme une flamme immobile ; mais cette immobilité n'est que la résultante de mille vibrations intimes contraintes de conjuguer leurs hasards peur aboutir
à la forme. L'œil voit blanc le disque aux multiples couleurs que l'on fait tourner devant lui; le poète, de même, a voulu offrir à son lecteur l'image d'un parfait équilibre, obtenu à partir d'un paroxysme de désirs et de contradictions.

On peut entendre cette poésie comme une musique ; une musique pure, si l'on est attentif au seul agencement des sons, d'un bonheur souverain ; une musique purificatrice, surtout, si l'on veut bien comprendre que cet art incantatoire est effort pour détourner de soi les damons intérieurs ou, tout au moins, en leur prêtant une voix sévèrement mesurée, exorciser leurs charmes dangereux. Passion, doute, douleur, idéalement vaincus par l'acte de composer, irriguent de leur souterrain contrepoint le chant apparemment tranquille où le nombre joue avec la rigueur.

Albert Loranquin


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