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Fronton : Alain Lebeau
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Ces « yeux grands ouverts» et «ces mains tendues» figurent assez bien la poésie du jeune poète Alain Lebeau. Extraits de son premier recueil paru en 62 aux éditions sources, ils révèlent un auteur qui affirmera une des plus authentiques voix, non seulement de la poésie nantaise, mais de sa génération même. Lucide en effet, son regard discerne en nos gestes les plus banals, comme en nos réussites, ce fugitif et ce retrouvé, ce poids de vie qu'il appartient justement au poète de saisir et de perpétuer. Son souci de l'homme victime et triomphant de ses difficultés quotidiennes, de ses frères en révolte contre toutes les oppressions tend à rapprocher le poème de certains lecteurs plus ancrés dans le réel que familiarisés avec les abstractions. Michel-François Lavaur |
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Soir d'octobre, accoudé sur la Loire Alain Lebeau |
C'est Novembre dans les tranchées. Un jour tardif et gris démasque Pétrograd Onze Novembre sonne aux Monuments aux Morts |
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En fuite sur les routes mouillées le passage des autos comme des couteaux . Et les traces en estafilades. Le rêve sous les roues. La route en éclaboussures comme les hautes herbes. Foin vert et des ramiers. Un gendarme en pelisse comme un cimetière avec une tête de faïence éternelle. Un gendarme avec des yeux de myosotis. La route. Des jardins en petites vieilles. Et les rosiers qui vont défleurir devant les maisons. La route et les autos qui passent en fouet comme la pluie Les autos. Les chats. Les chats en écuelles de silence et qui sentent la paille. Et derrière les rideaux, il y a des petites vieilles on chysanthèmes, en bouquet comme l'heure qui sonne. Hugues Pissarro |
Je porte à bras le cœur des fusils impatients je chante les refrains qui reposent ma mère j'attends le matin pour éveiller mon enfant ma lemme est là qui prépare mes cartouchières L'orgue des églises me tourne la tête et la pluie de printemps ruisselle dans ma chair J'aime la vie simple des hommes libres mais il me reste une balle pour ceux qui forgent les chaînes Je n'ai pas peur de la mort qui délivre des prisons et je suis prêt à pendre mes haillons aux barricades si la roule gronde un soir d'été Je n'ai rien à vendre sur la place du marché mais je veux bien dire mes contes aux hommes rassemblés. Il n'est pas uu mot qui taira mon amour et les chiens pourront bien aboyer dans l'ombre le temps des sorciers aura passé et le bois des cerfs brisera leurs crocs Alain Lebeau |
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