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L'équipe animatrice de Traces s'est agrandie : Robert Besse, Michel-François Lavaur, Alain Lebeau, Norbert Lelubre, Robert Momeux, Max-Roger Parent, Claude Serreau, Alain Barré, et Jacques Souchu pour l'impression


Sommaire Traces 31-32
Premier trimestre 1971

 


Extraits :
Alain Lebeau, extraits de Le Dromadaire à pétrole
Jean Spéranza, extraits de Les pierres de la clémence

Robert Séguy, extraits de Cosmophonies
Josette Barny, extraits de Verticilles
Dagadès, extraits de Terre atteinte
Robert Besse, extraits de Poèmes pour un oiseau
Claude Serreau, extraits de Réflexions pour la nuit
Anne-Marie Carron, extraits de Diseur de songe
Michel-Daniel Robakowski, extraits de Les hauts d'aventures
Jean-Paul Besset, extraits de L'homme nombreux
Bernard Picavet, extraits de Cimaise
Norbert Lelubre, extrait de Ballades
Guy Pirot, extraits de Le cercueil de verre
Michel-François Lavaur, extraits de Petite geste pour un homme nu
Charles-Albert Forneron, extraits de Royaumes
et
Guy Ducornet, Trophées en selle

Textes : Jean Chatard, Alain Barré, Robert Besse,
Max-Roger Parent, François Dodat, Jacques Lepage

Commentaires :
Robert Momeux,
trois poètes
Alain Lebeau, Eluard
Michel-François Lavaur,
Guy Ducornet
Norbert Lelubre, L'illustre ou la folie du printemps (fragment)

illustrations : Rikki, M-F Lavaur


Guy Ducornet

par Michel-François Lavaur

 

Les « Chevaliers d'occident »
portent des trophées en selle.

Ces deux vers qui ferment le recueil de Guy Ducornet sont comme un croquis de guerre, le rayon d'une torche électrique sur les décombres et les corps roidis ; car les souffrances de ce monde sont présentes au cœur de l'homme pour qui tours d'ivoire, minauderies de salons et dorures d'académiciens sont, moins que monnaie de singe, parce qu'enfin les poêles de ce temps sont adultes.

avec toute la pudeur du monde à mes trousses
avec tous les silences du monde au cœur
secrètement devenu ombre et nuit et ombre
filigrane de brouillard d'aube
ô mes os -que je vous sens
que je vous sens !

Linogravure de Michel-François Lavaur

Bien sûr, le sentiment de la faiblesse dérisoire du poème -même porteur de révolte mûrie dans le sang et la sueur- de sa vanité face au désarroi des meurtris, est une tumeur incurable, parfois étouffée, souvent lancinante.

je suis vieux comme un nourrisson laid
comme l'eunuque de cent harems
qui sent mouler le rut inutile
vieux comme un enfant qui scie les planches
un jeudi d'octobre
qui n'a rien d'autre à faire
qu'un cercueil d' écureuil

Mais la parole est lu premi ère armes des consciences en éveil, mais le rythme poursuit sa pulsion aux paumes et aux tempes, mais l'écriture gicle en graffiti sur les roches, mais le chant tente à nouveau d'incanter la nuit.

CHANSON contre la mort anonyme dans la foule
pour ne pas crever ici on là
ce n'est pas une profession c'est avoir peur
c'est être le milliardième écho -avoir peur
dire sa plainte à midi-minuit
les effrayants visages aux yeux vidés
de ceux qui n'ont aimé qu'un miroir
contre les corps qui crèvent donc !
qui reconnaît l'ami sur l'échafaud dressé
aux carrefours des villes d'aujourd'hui
verra sa fureur et ses larmes et sa colère
et sa bouche qui broie des prières
dans la tempête des tambours -du balcon
on verra la tête tomber
et les quatre chevaux cardinaux faire le premier pas

Guy Ducornet, du pinceau, de la gouge ou de la bille, Guy Ducornet ne chante pas pour lui seul.



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