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Sommaire numéro 74
premier trimestre 1984


dessin de P.Chaveau


hors-texte : sommaire et notes + Nauze,
Lavaur, Rousselot
p. I à 4 et 29 à 32: pour ou contre
p. 5 à 25 : Lavaur = ARGOS 5 ( 30 petits éléments
pour un bestiaire )
supplément : p.2 et 3 de couverture : V. Etcheverry
H. de Lesccët
pages intérieures :
I/I9/20 : nous avons reçu
p. 3 : Lavaur, Milovic, Pajot, Danquigny, Ardent
p. 4 : Thomas, Picavet, Laroche, Lelubre
p. 5 : Simcnomis, Dubois, Glady, Argcuarc'h
p. 6 : Béccusse, Jamin, Coatalem, Lebeau
p. 7 : Sandre, Chatard, Prin, Gastaud
p. 8 : Lavaur, Robakowski, Barny, Ducornot
p. 9 a 12 : Françoise Moreau-Dubois : La maie aux oisons
p. 13 : Baudry, Keineg, Caradec, Catelin
p. 14 : Spéranza, Lebeau, Dagadès, Brière
p; 15 : Baudry, Krauss, Poiroux, Le Blavec
p. 16 : Bouillant, Dunand, Louchaert, Héroult
p. 17 : Le Gouic, Serreau, Daugièras, Besse
p. 18 : Simcnomis, Ripoche, Berbers, Leuoq, Obin,
( Les pages portant quatre textes sur des quarts de page égaux paraissent également dans des tirés à part de. notre collection "MINI": MINI ANTHO ( une de 48 p. est parue ), ou MINI recueil individuel ( cf. La Maie aux oisons ) de 16 à 20 p.



Extraits de la revue

« En quelques mots, en quelques phrases, Michel-Fran ç ois Lavaur nous fait pénétrer au cœur m ême d'un bestiaire somptueux dont chaque regard interroge la palpitation du jour. Sa lucidité ne l'oriente pas vers un constat d'entomologiste mais au contraire vers une tendresse virile à l'endroit de ces bêtes sauvages ou familières. En fait, le travail descriptif de LAVAUR n'est que nuances en regard de son inspiration chaleureuse. Il traque l'essentiel, c'est à -dire la "présence" qui rend chaque animal irremplaçable. Désormais, grâce à son merveilleux petit bouquin, nous ne pourrons plus regarder un hérisson, une mouche, un chevreuil ou un chat avec le même regard. J’aimerais avoir un enfant d’âge scolaire pour le plaisir de lui montrer la vie animale à travers les poèmes de Lavaur »

Jean Chatard


 

L'ocelé du puy mêle
son vert acide à ceux
des feuilles et des mousses
parmi les branches basses.

Lui posé immobile
sur une fourche vive
et moi qui herborise
nous nous regardons vivre.

Son œil gauche est formel :
carpe diem mon vieux
(coule-toi la vie douce
attends que le mal passe).

De l'œil droit il me dit :
non diem perdidi
et sa philosophie
guide tous mes instants.

Profite de la vie
mais ne perds pas ton temps

Le lézard


 

 

 

 

 

Dans cette brume lumineuse
qui vibre au fond de la grand rue
une ombre double est apparue
du noir et du gel insoucieuse.
Elle épaissit devient étrange
comme un hibou devant la lune
mais on devine les échanges
et la confiance en la fortune.

Le hibou

 

 

Le faucon saint-esprit ne se soucie point de la Pentecôte.
Il ignore, sans honte, ce que son vol figure, dans la ferveur d'un mai sublime ou lamentatable. Je ne sais pas, non plus,
si la poésie me visite, me lèche de ses rais, ses ondes,
ses flammèches, aussi inspiratrices qu'invisibles , mais n'en poursuis pas moins, en bas, ma quête obscure, comme lui,
là -haut, à longs efforts faisant du sur place, au-dessus de la vigne, épie. Il n'a pas la moindre notion de tout le spectaculaire de ses exploits de gymnaste, alors que je me vois, seul et vain, vaquant et m'obstinant pour un monde perfectible, sous les fusées, les bombes suspendues d'un nouveau Damoclès, un Toutatès qui menace de nous envoyer son ciel sur la tête.

L’émouchet

 

 

La nuit tombe et ses miettes, en flocons de ténèbres (avec, par intervalles, des coulées de silence) s'amoncellent autour de la pâture vide, et peu à peu recouvrent ce lent bocage o ù clignent, sur les eaux assoupies, les reflets d'un meulon de braises dont le vent détrousse les cendres, dans un brûlis de souches.

Au-dessus de ma tête, un héron esseulé rame à coups obstinés sous la bise contraire.

Et je vais m éditant, éditeur sans pignon qui souque à sa manière, dans l'opacité sourde des inerties adverses.

Le héron



 

Une petite grange, la plus haute sur la pente abrupte,
au pied des derniers arbres.

Au-dessus, l'alpage - au cœur des Pyrénées - et puis
la roche avec ses joubarbes, et tout un paradis de plantes de rocaille.

Bâtisse basse et délabrée que des amis retapent.

Vacances laborieuses. (II faut tout remonter à dos d'homme, du pain au parpaing, du sucre au ciment, par un sentier d'isard, sur plus de cinq cents mètres d'altitude.)

Un mini Machu Pichu à la mode estivale, sous le ciel d'Europe.

Sitôt sorti du sac de couchage, j'ai couru dans les herbes, avec le chien et les enfants.

Je me suis rincé l'œil au panorama, avec les enfants, et lavé le museau avec le chien, à la même source.

Nous déjeunons sur la terrasse. Un étal de planches disjointes, mais la réunion franche d'une tablée de camarades.

La journée sera belle.

Je lève le nez pour m'en assurer.




 


Soudain il est là , dans le frêne. Couché sur le dos, les pattes en l'air. Rien n'y manqué . Ni la queue. Ni le sexe.


Je le montre, j'explique. Personne ne voit la moindre apparence de mon arboricole. Seuls les sculpteurs ont des idées pareilles.

Pourtant on y grimpe. On arrime, on scie, on descend la branche.

C'est bien lui.

Il suffira de ne pas être chiche de temps, ni d'adresse à manier la gouge, la lame et les éclats de verre, pour qu'il sorte enfin de cette gangue de copeaux qui l'emprisonne, le Loup du Puy Aou.

Le Loup du Puy Aou

 


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