Des poèmes pour les enfants
de Michel-François Lavaur


Ils jouaient dans la classe
avec les mots et les images.
Ils apprivoisaient
peu à peu le langage.
Ils faisaient des charades
des rébus des comptines
des bouts-rimés des acrostiches
et des calligrammes.
Ils dessinaient tout un bestiaire
d'oiseaux quadrupèdes
velus ou bicéphales
des martaureaux et des cerfeuilles
des serpaons des escargorilles.
C'est ainsi qu'il est né
avec sa trompe longue
de papillon et ses
huit pattes frêles
l'éléphantastique.

L'éléphantastique
(Argos)


Celui qui voit la petite écolière
cheminer posément
dans le matin glacé
n'aperçoit que la sage
gamine au cartable.

Il dit : ses lèvres bougent!
A qui parle-t-elle?

Pourtant l'enfant blonde
ne marche pas seule.

Prince Noir l'accompagne.

Invisible et pour elle
plus réel que les chiffres
et les murs de l'école
il va l'amble à sa suite.

Elle tient par la longe
un étalon sauvage
aussi grand que la nuit.

Elle nouera la corde
à l'anneau de la forge
au bout du préau.

Le cheval l'attendra
jusqu' à la fin des classes.

PRINCE NOIR
(pour Chrystel, ma fill
e)
(Argos)


L'écureuil à Gilles

conte des 120 prénoms

Jeu de langage  : Un prénom du calendrier est caché à la fin de chaque vers de ce conte !
Trouver 120 prénoms et les écrire correctement, selon l’exemple du titre.




La course alphabétique

Jeu alphabétique : Chaque fin de vers correspond à une lettre
de l'alphabet, à vous de les retrouver

 

L' écureuil agile
mime d'un saut l'ange
dans les oliviers

et plein de malice
en ses jeux sylvestres
jette sur les gens
aux chapeaux urbains
des boules de gui,
des glands, des olives.

Il va sur la rive
laper dans l'eau claire
parmi les narcisses.

Quand les flamants dînent,
le canard au bain
y avale –et rit-
tout ce que l'eau rend.

I l ne crie pas comme
l'oie du Périgord
quand 1’angora bêle.

Son cousin germain
a perdu l'ouïe
mais tout ravi vient
rêver sur sa pierre
avec la prudence
du caméléon.

Le vieux sacristain
parfois le paterne
d'oeufs et clémentines.

On voit la colombe
oiselle angélique
sur un banal banc
lui dire à l'aurore
la bonne aventure.

Ses copains l' élisent
(et il en vint cent,
des cents et des mille !)
roi des bois, des fleurs,
où la rose allie
sa corolle blanche
à la marguerite.

On lui voue muguet, jonquille et pervenche,
pensées et violettes
couronné d'iris
ou de capucines.
Colliers tout en riz
et d'autres qu'en thym!

Que l'eau bonne y fasse
la paix dans son âme !
Quand sonne la diane
il ouvre ses cils
et de haut reluque
l'aube bienvenue.

Un grand gars étend
jupes de starlette
et robes de reine
couleur thé au fil.
Sifflant : do ré mi
- chanson inédite
et un peu benoite -
pour être à la mode
ou car ça le gène,
le gaillard placide
d'un geste parfait
tond sa barbe à ras.

Au zoo fidèle
l'écureuil prospère.




Dans la course on a
tout un alphabet.
Les gens voient passer
des trucs démodés
longtemps devant eux.
Quel défilé ! Bref:
des teuf-teuf âgés.
Parfois un pneu lâche
mais il y a pis.
Panne de bougies:
dans un grand fracas
on emboutit l'aile !
D'autres sans problème
élégamment freinent
évitant l'auto
qui a dérapé :
on n'a plus d'accu !
Un bolide vert
à pleine vitesse
n'a pu éviter
le mur du talus :
radiateur crevé !
Chacun double V
du colosse Alix
gars des pays grecs
poussé par ses aides !

(2. XI. 98)

 

(solutions)

Dans mon cartable
j'ai une étable.

La bergerie
et l' écurie.

Une charrette,
une brouette.

Du foin en boules.
Un coq, des poules.

Des oies, des canes.
Le bœuf et l'âne.

Un tracteur jaune.
Un sac de pommes.

Une machine
et des machins.

Je ne mens pas.
Dans mon cartable,
j'ai bien tout ça.
Sur des images,
à chaque page
d'un bel album.

Illustration pour attention écoles de Jean-Pierre Poupas
aux éditions Traces

 

 

 

Le rat botté
sur la charpente
met des solives.

Le chat raté
en bas salive
au pied des tours.

En vain arpente
les alentours.

Sur le château
voit raboter
rire et chanter
l'autre là-haut.


Doit déchanter
sur la victoire.

Peut pas monter.

Va radoter
devant son lait
sur les déboires
d'un vieux chat laid
et d'un rat beau.

extrait de "Le Chat à neuf vies"

 


Il était là depuis toujours,
doux et patient, tendre et fidèle.
Il veillait déjà sur la chambre
bien des nuits avant la naissance
de l'enfant dont il fut le double.

Venu du pays des peluches
avec cet air de koala
qui descendrait d'un autre monde
il semblait fait pour l'amitié.
Il écoutait sans interrompre,
comprenait tout, n'oubliait rien.
Il savait garder un secret
et consoler mieux que personne.

Maintenant encore il demeure
le porte-chance de l'adulte
qui vogue au large en solitaire.
Calé au fond de la couchette,
il fait le tour de la planète
comme un discret mousse de poche
et n'a jamais le mal de mer.

Nounours
(Argos)

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